Il y a des gestes qui ne changent pas. Des habitudes douces, des rituels d’été que l’on retrouve chaque année, comme un fil discret entre les saisons. Loin des foules, entre la colline et les embruns, l’été au bord de la mer se vit dans une lenteur précieuse, une attention aux choses simples.
Le jour n’a pas encore pris toute sa chaleur. La mer est lisse comme un drap repassé, le sable encore frais sous les pas. On descend en tongs, une serviette roulée sous le bras, le sel d’hier encore dans les cheveux. Plonger à jeun, dans cette eau transparente, c’est comme renaître. L’esprit se vide, le corps s’éveille. Premier rituel.
Le bruit du moteur pétaradant annonce son arrivée. Au ralenti, silhouette familière, le pêcheur entre au port, à l’arrière du bateau : dorades, loups, rougets encore brillants de mer. On choisit le poisson du jour, à la main, en regardant le ciel pâlir. Pas de surgelé, pas de faux-semblants. Juste la mer, et ce qu’elle donne.
Un rituel de confiance, de lenteur, de vérité.
Les plus beaux marchés provençaux autour de Le Pradet (Var) : Toulon, Hyères, Carqueiranne…Les plus beaux marchés provençaux autour de Le Pradet (Var) : Toulon, Hyères, Carqueiranne…A peine rentré de la plage, la peau salée, le cœur léger, direction le marché, celui qui sent l’abricot mûr, le basilic, les tomates éclatées de soleil. On remplit le panier en osier, on prend trop de choses. Mais c’est l’été, on peut.
Un melon à partager, des figues violettes de Solliès, une poignée d’amandes grillées et ne pas oublier les olives à dédé ! Un fromage acheté au producteur qui vous tutoie. C’est aussi ça, le rituel : parler, sentir, choisir.
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On rentre au Mas de la Gavaresse, pieds nus, panier au bras. À l’intérieur, il fait bon. Les murs épais gardent la fraîcheur du matin. Les volets entrouverts laissent entrer juste ce qu’il faut de lumière. L’odeur du linge propre, celle de la pierre, du romarin qui sèche dans la cuisine. On respire, on s’apaise.
Les enfants dessinent sur la grande table. Un vin rosé attend au frais. Dehors, les cigales chantent sans relâche, mais ici, tout est calme.
Nous ici, on mange léger. Léger mais avec grâce, dans de grandes assiettes blanches :
des tomates mûres coupées finement, un filet d’huile d’olive du cru, c’est à dire du moulin de l’Esquirol ! Quelques grains de sel de Hyères et un fromage de chèvre du Rove, fort et doux à la fois.
Des olives noires, ridées juste comme il faut.
Rien de compliqué. Tout est juste.
Le pain craque sous la main, il faut dire qu’il provient d’un grand chef, « Le fournil d’Emy« , juste en bas du Mas, avec son talentueux Damien, maîtrisant ses produits à la perfection. Le vin rosé du Clos Cibonne , du vin de chez nous, du Pradet, perle au verre. Le temps se dilate. On parle doucement, ou pas du tout. On écoute les cigales et le tintement des couverts.
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Quand la chaleur devient plus lourde, on se met à l’ombre. On ouvre un livre qu’on avait laissé de côté tout l’hiver. On lit deux pages, puis on ferme les yeux. Le chant des cigales devient presque hypnotique. Une sieste volée, dans un hamac ou sur une chaise longue. C’est l’heure suspendue. Celle où rien ne presse, où le monde est ailleurs.
Les jours d’été au bord de la mer n’ont pas d’horloge. Ils suivent le vent, la lumière, l’envie. On retourne à la plage, ou pas. On peint, on écrit, on marche les pieds nus sur le sable. On ne sait plus quel jour on est, et c’est tant mieux.
Un rocher d’où plonger. Un port où flâner. Une crique à retrouver, celle qu’on n’a jamais dite à personne.
Le ciel devient doré, les conversations s’allongent. On cuisine dehors. On grille le poisson du matin, quelques légumes du marché. La mer reflète les derniers éclats du soleil. Parfois, le mistral revient, pour nettoyer le ciel et faire danser les rideaux.
Après le dîner, la lumière bleuit, la chaleur tombe enfin. On s’installe dehors, à la fraîche, une nappe étendue, quelques verres oubliés sur la table.
Une partie de cartes commence, lente, amicale, avec les mêmes règles qu’on redécouvre chaque été. On triche un peu, on rit beaucoup. Il y a ce silence complice qu’on ne trouve qu’en petit comité.
Pour d’autres, c’est l’heure de la promenade du soir. Pieds nus dans les sandales, on longe la mer. Le clapotis contre les rochers, les odeurs de pin chauffé et d’algue séchée. On croise peu de monde. Les mots sont rares, le regard glisse sur l’eau sombre. Et puis on rentre, apaisé, les cheveux humides de nuit.
Les vacances à la mer sont faites de souvenirs en train de naître. Des détails qui restent : une serviette qui sent le soleil, un galet dans la poche, un rire sur un bateau, un goût de sel sur la peau.
Au Mas de la Gavaresse, on croit aux étés simples, sensibles, habités.
À demain matin, pour la première baignade.